Des outils pour promouvoir le multilinguisme et le multiculturalisme
Des aides et non des échelles sélectives
Les définitions du mot “outil” sont les suivantes : 1. Un outil est un objet physique utilisé par un être vivant directement, ou par l’intermédiaire d’une machine, afin d’exercer une action le plus souvent mécanique, ou thermique, sur un élément d’environnement à traiter. Il améliore l’efficacité des actions entreprises ou donne accès à des actions impossibles autrement. 2. Élément d’une activité qui n’est qu’un moyen, un instrument.
Dans tous les cas, il est un intermédiaire et un moyen et non une fin, il est destiné à améliorer et non à remplacer. L’aspect de l’amélioration est importante car elle doit avoir lieu à la fois sur le contexte que sur la “méthode”. Dans l’apprentissage d’une langue, il y a une personne qui vit dans un environnement, et qui doit être en capacité de communiquer avec ses pairs. Il peut devoir-vouloir apprendre ou approfondir la langue parlée dans le pays d’accueil mais également celle de sa famille, de ses amis, ou de ses relations à l’école, en voyage ou dans le cadre de son travail. Les outils doivent prendre en compte l’environnement sous toutes ses dimensions culturelles, sociales, personnelles, ce qui, dans une démarche d’universalisation de méthode d’évaluation est une utopie. Les langues sont plurielles comme le sont les personnes, et les niveaux ne peuvent pas être les mêmes pour tout le monde. Des équivalences peuvent être étudiées et mises en place, mais on ne peut pas prétendre qu’elles soient efficaces destinés à évaluer. Tout bon enseignant-formateur en langue sait que le meilleur moyen d’améliorer le niveau de son-ses élève-s est d’adapter son approche en fonction du terrain et de leur “nature” et de pratiquer la réceptivité, la flexibilité, favoriser l’interculturalité et l’approche socio-pragmatique des langues. En cela ils s’éloignent très vite des outils qui ont le désavantage de trop catégoriser et de paralyser les initiatives.
Ces outils sont donc partiellement complémentaires à un apprentissage des langues, et doivent être interprétés à la lumière de l’expérience et de l’analyse qui en découle. En effet, souvent présentés comme les références uniques et indispensables et donc utilisés par les institutions, professeurs et autres acteurs dans le domaine de l’éducation, ils sont pourtant à étudier, à compléter, souvent à redéfinir plutôt qu’à prendre à la lettre. L’objectif d’établir des règles communes d’apprentissage réutilisables n’est pas toujours pertinent, car il ne peut pas prendre en compte tous les éléments (linguistiques, culturels, sociaux, psychologiques…) qui contribuent ensemble à l’apprentissage d’une langue, chacune différente, ce qui empêche d’obtenir des règles de niveaux impliqués dans les évaluations et totalement relatives et subjectives. Il faut éviter de baser et légitimer son enseignement sur ces documents, car ils ne devraient être que ce qu’ils sont, à savoir des “aides”, et non des échelles sélectives. Malheureusement, et encore une fois, il suffit de mettre un outil institutionnel “recommandé” dans les mains de personnes qui ne souhaitent pas approfondir ou remettre en question leurs méthodes d’enseignement, pour voir fleurir toutes sortes de théories et de pratiques inadéquates à l’apprentissage d’une langue car rigidifiées par une approche globalisante et uniformisante, connotant ainsi négativement les parcours d’apprentissages.
Présentation officielle
Apprendre Enseigner Évaluer avec le CECR
Élaboré grâce à une recherche scientifique et une large consultation, ce document est un instrument pratique permettant d’établir clairement les éléments communs à atteindre lors des étapes successives de l’apprentissage ; c’est aussi un instrument idéal pour la comparabilité internationale des résultats de l’évaluation. Il est le résultat d’une décennie de recherches et l’aboutissement de travaux connus comme des “niveaux-seuil” à atteindre pour communiquer efficacement dans une langue étrangère. Une Résolution du Conseil de l’Union européenne (novembre 2001) recommande l’utilisation de cet instrument du Conseil de l’Europe pour l’établissement de systèmes de validation de compétences en langues.
Le Cadre est un instrument qui décrit aussi complètement que possible :
Il permet de définir, en connaissance de cause, les objectifs à atteindre lors de l’apprentissage et de l’enseignement d’une langue, et de choisir les moyens pour y parvenir.
- toutes les capacités langagières,
- tous les savoirs mobilisés pour les développer,
- toutes les situations et domaines dans lesquels on peut être amené à utiliser une langue étrangère pour communiquer.
Il est devenu ces dernières années un véritable document de référence, disponible en près de 40 versions linguistiques : Albanais, allemand, anglais, arabe, arménien, basque, bulgare, catalan, chinois, coréen, croate, danois, espagnol, espéranto, estonien, finlandais, français, frioulan, galicien, géorgien, grec, hébreu, hongrois, italien, japonais, lituanien, macédonien, moldave, néerlandais, norvégien, polonais, portugais, russe, serbe (version iékavienne), slovaque, slovène, suédois, tchèque, turque et ukrainien. Ce sont les autorités nationales concernées et/ou les éditeurs assurent la diffusion.
Le Portfolio européen des Langues (PEL)
Le Portfolio européen des langues est un document dans lequel toute personne qui apprend ou a appris une langue – que ce soit à l’école ou en dehors – peut consigner ses connaissances linguistiques et ses expériences culturelles, ce qui peut l’inciter à réfléchir sur son apprentissage. Il a été mis en oeuvre pas la Division des politiques linguistiques de l’Europe en 2001 à l’occasion de l’année européenne des langues. 12 pays et 3 ONG sont participé au projet.
Le portfolio est composé de trois parties :
Un passeport de langues dans lequel des apprenants peuvent rendre compte brièvement de leur identité linguistique et culturelle, de leurs compétences en langues, de leur expérience de la pratique d’autres langues et de leurs contacts avec d’autres cultures.
Une biographie langagière
qui les aide à fixer leurs objectifs en matière d’apprentissage, à consigner leurs connaissances linguistiques et leurs expériences interculturelles et à y réfléchir ainsi qu’à évaluer régulièrement leurs progrès.
Un dossier
dans lequel ils peuvent conserver des exemples de leurs travaux dans la/les langue(s) qu’ils ont apprise(s) ou qu’ils sont en train d’apprendre.
Il existe une grande diversité de portfolio, plus d’une cinquantaine, dans plus de 40 langues. Vous pouvez rechercher des modèles en cliquant sur ce lien : Rechercher des porfolios.
Comme vous pourrez le constater, il y a un grand nombre de versions du portfolios en téléchargement libre, malheureusement pas en français, ni en italien pour le niveau primaire ! Ci-dessous vous pouvez l’acheter en librairie ou su Amazon. En revanche pour le primaire voici un portfolio an anglais (Irlandais) dont vous pourrez vous inspirer,
Portfolio primaire Irlande CE
Et… pour les étudiants il existe une version bilingue gratuite en plusieurs langues adaptée dès le niveau A1 du CECR : CERCLES European Confederation of University Language.
“Cette version du Portfolio européen a été spécialement conçue pour les universités européennes. Elle répond aux besoins de tous les niveaux de compétence linguistique puisqu’elle part du niveau débutant (A1) pour aller jusqu’aux niveaux avancés (C1 et C2). Ce PEL s’adresse aux étudiants qui apprennent une ou plusieurs langues étrangères dans le cadre d’une formation spécifique, en complément de leurs études, ou afin de valoriser leurs études. Les étudiants qui ne sont pas actuellement en formation linguistique peuvent également s’en servir s’ils souhaitent rassembler des justificatifs de compétence linguistiques afin de documenter une candidature à une formation universitaire ou à un emploi.” Introduction au Portfolio.