La tour de Babel ou la difficulté des hommes face à la diversité, l’adversité et la différence ?
Toute personne qui s’intéresse au langage et aux langues, ne peut que se poser la question à un moment donné ou à un autre de leur origine. Y-a-t’il eu une langue originelle précédant la grande diversité des langues du monde ? Pourquoi ne parle-t’on pas tous la même langue ? Pour beaucoup, la complexité relationnelle engendrée par l’incompréhension d’un interlocuteur parlant une langue étrangère qui leur est incompréhensible, les fait s’interroger sur la pertinence d’une telle variété. Pour d’autres, sans objecter sur une telle complexité, la diversité des langues est logique car elle représente la singularité des hommes et de leurs cultures. Ainsi sans variété, pas d’identité distincte, et bien plus de problématiques d’envergure qu’un simple apprentissage auquel s’atteler.
Il y a donc toujours cette dualité entre, d’une part, une volonté de simplifier les choses pour faciliter la communication, et d’autre part, une obstination à échafauder des barrières de sécurité de son identité, et les deux ne font pas bon ménage.
Ainsi dans l’Antiquité, les différentes langues parlées (en plus du latin), auraient générées sur les érudits ce désir de rechercher et de retrouver la langue originelle, à savoir la langue d’Adam 1er homme, appelée langue adamique, et à leurs yeux, forcément parfaite avec Dieu à l’origine de sa création.
La volonté de retrouver la langue originelle est pourtant dès le départ basée sur une illusion, car nulle part, dans la Bible, il n’est écrit comment Adam parlait et si sa langue était élaborée et adéquate à la communication (étant tout seul, on est en droit de se poser la question), et quand à la diversité des langues, dès la Genèse, les langues apparaissent déjà comme différenciées. Verset 31 — « Tels furent les fils de Sem, selon leurs clans et leurs langues » (voir sources : étude Sources chrétiennes/mythes bibliques).
La recherche de la « pureté » dans la langue, qui fait également écho à celle perpétuée au cours de l’histoire du monde dans les « races », s’impose comme critère de perfection, et est à l’origine de toutes les déviations humaines car elle ne s’inspire pas de la Nature ; ni de la nature réelle de l’homme. L’originel est toujours exceptionnel et unique, il ne doit être qu’Un ; tout le monde doit être conforme au mythe !, parler la même langue, avoir les mêmes moeurs, la même religion, être de la même « race », et avoir la même circonférence crânienne pour avoir droit de cité. Les guerres, les croisades religieuses, la politique, la discrimination, l’injustice… sont l’expression de cette recherche illusoire. Et pendant tout ce temps l’homme ne s’est pas rendu compte qu’il luttait contre lui-même. Ce qui prouve que les mythes sont enracinés profondément dans le subconscient et que les hommes ne cherchent pas vraiment à se poser les questions différemment, en dehors du statuquo.
Les hommes poursuivent ainsi des chimères pour légitimer leurs pensées, leurs peurs, leurs espoirs et désespoirs. Mais au lieu de s’atteler à déployer leurs trésors de créativité face à l’adversité, et trouver leur singularité et la richesse que leur a mis à disposition la vie, ou Dieu pour d’autres, ils préfèrent se consoler dans l’entretien des mythes.
Que décrit l’épisode de la tour de Babel ?
Peu après le Déluge, alors qu’ils parlent tous la même langue, les hommes atteignent une plaine dans le pays de Shinar et s’y installent tous. Là, ils entreprennent par eux-mêmes de bâtir une ville et une tour dont le sommet touche le ciel, pour se faire un nom. Alors Dieu brouille leur langue afin qu’ils ne se comprennent plus, et les disperse sur toute la surface de la Terre. La construction cesse. La ville est alors nommée Babel.
Le récit se trouve dans le Livre de la Genèse (Gn 11,1-9) :
Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Schinear, et ils y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. L’Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l’Éternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. Et l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre et leur donna tous un langage différent ; et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre. »
*L’histoire de la tour de Babel (hébreu : מגדל בבל Migdal Babel, en arabe : برج بابل Burj Babil) est un épisode biblique rapporté dans la parashat Noa’h, dans le Livre de la Genèse Gn 11,1-9.
Source : Wikipédia
Encore une fois, ce serait l’orgueil des hommes, voulant tout, tout de suite et de manière facile qui aurait poussé le tout puissant à intervenir et changer leur dessein.
Expression commune « Une tour de Babel »
Un endroit où règnent le bruit, la confusion où les gens ne se comprennent pas. Ou bien un lieu multiculturel où de nombreuses langues sont parlées.
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